70e anniversaire de la Déclaration du 9 mai 1950 (2020)

Le 9 mai 1950, il y a 70 ans, Robert Schuman rendait publique sa fameuse Déclaration inspirée par Jean Monnet, qui marquait le début de l’Europe communautaire. Pour commémorer cet événement, la Fondation Jean Monnet pour l’Europe vous propose une petite exposition virtuelle, ouverte à toutes et tous, de quelques pièces d’archives originales en lien avec cet événement. Une sélection de documents originaires de chaque pays qui signera le traité de Paris en 1951, ainsi que du Royaume-Uni et de la Suisse. Un tour d’Europe de documents réagissant à ce que certains journaux d’alors appelèrent “La bombe Schuman”.

L’exposition

L’accès à l’exposition se fait par ce lien ici.

Si vous êtes perdu(e), vous pouvez consulter ce petit guide pour vous aider à naviguer dans la page de l’exposition ici.

La Déclaration Schuman inspirée par Jean Monnet est un événement historique majeur dans l’histoire européenne. Si vous n’êtes pas familier avec son origine, vous pouvez en apprendre plus en lisant le texte ci-après.

La Fondation vous souhaite une belle visite !

Contexte : les origines de la Déclaration du 9 mai 1950

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est exsangue et le monde s’achemine vers une géopolitique bipolaire opposant les États-Unis à l’Union soviétique. La guerre “chaude” contre le Reich allemand a laissé place à la guerre froide. La tension monte entre les deux blocs et l’avenir de l’Allemagne est au cœur des premières oppositions. Si, lors des deux dernières guerres, elle en fut la cause en partie ou en totalité, l’Allemagne sera dorénavant l’enjeu, pense Jean Monnet au début du printemps 1950.

Les Américains pressent les États de l’Ancien Continent à trouver des réponses : que faire pour régler le différend franco-allemand ? Comment faire cessez les disputes ? Comment mettre de côté les orgueils nationaux et s’entendre pour faire bloc devant les Soviétiques ? Les idées et les propositions ne se bousculent pas. Une réunion cruciale est programmée à Londres pour le 10 mai 1950. La France se voit placée au pied du mur. Les Américains exigent que l’Europe occidentale contribue à faire augmenter la pression sur l’URSS, notamment en mobilisant le potentiel de l’Allemagne fédérale. La Troisième Guerre mondiale menace. Le brasier s’allumera d’ailleurs en Corée à la fin du mois de juin.

1950 avait débuté sous des auspices maussades et la crainte d’un nouveau conflit global plane dans tous les esprits. C’est alors que, en France, le Commissaire général au Plan, Jean Monnet – dont la capacité à innover a été déjà démontrée dans sa longue carrière (il a alors déjà 61 ans) – approche Bernard Clapier, le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères Robert Schuman. Il lui fait part d’une idée basée – entre autre – sur son observation de la situation économique et politique des États européens : créer un marché commun du charbon et de l’acier – le nerf de la production industrielle et de l’économie d’alors. Une première étape d’un processus qui mènerait un jour à une Fédération européenne.

Un tel projet permettrait d’apporter une solution au problème franco-allemand de l’intérieur. Il s’agirait somme toute d’une solution européenne à un problème européen, qui contribuerait de plus à la paix mondiale. En toute discrétion et en moins d’un mois, Jean Monnet, aidé de quelques collaborateurs, fera naître le projet révolutionnaire qui changera la face de l’Europe. Robert Schuman fait sien politiquement le projet. Le Chancelier de la RFA, Konrad Adenauer, mis dans la confidence, est lui aussi enthousiaste. Le 9 mai 1950, Robert Schuman fait sa proposition devant le Conseil des ministres français, suivi d’une conférence de presse au Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, qui sera aussitôt acceptée par l’Allemagne. Cette déclaration fera l’effet d’une “bombe” et scellera le destin européen par la signature en avril 1951 entre six États du traité de Paris instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Jean Monnet deviendra le premier président de la Haute Autorité de la CECA. Plus tard, en 1958, deux nouvelles communautés seront créées : la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom).

Pour en savoir plus, la Fondation a édité un ouvrage retraçant les étapes de la naissance du projet européen, agrémenté de nombreuses reproductions d’archives, intitulé Un changement d’espérance : la Déclaration du 9 mai 1950, paru en 2000.