Conférence européenne - 11 juin 2014

Jean-Claude Trichet (2014)

Le 11 juin 2014, la Fondation a eu le plaisir d’accueillir Monsieur Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) de 2003 à 2011, gouverneur de la Banque de France (1993 – 2003) et actuellement président du Groupe des Trente, pour une conférence sur « L’avenir de la zone euro ».

Ouverte par le président de la Fondation, José Maria Gil-Robles, la conférence qu’a prononcée Monsieur Trichet devant une assemblée de plus de 300 personnes sur le campus de Dorigny fut passionnante.

Après avoir rappelé les origines américaines d’une crise (crise des subprimes et dépôt de bilan de la banque Lehman Brothers) qui est devenue l’une des crises mondiales les plus graves depuis un siècle, Jean-Claude Trichet a évoqué les raisons propres à la crise européenne des dettes souveraines : manque de discipline budgétaire, manque de compétitivité, absence d’une supervision bancaire unifiée et de marchés financiers unifiés, manque de réformes structurelles, etc.

L’ancien président de la BCE a ensuite décrit les mesures qui ont été prises depuis pour renforcer la gouvernance de la zone euro : pacte de stabilité et de croissance, la procédure de surveillance des déséquilibres macroéconomiques (Macroeconomic Imbalance Procedure – MIP), union bancaire (surveillance prudentielle), mécanisme européen de stabilité (MES), etc. En allant aussi loin dans la surveillance des politiques économiques, budgétaires et financières, l’ancien président de la BCE affirme qu’on a renforcé de facto l’union politique.

En outre, certains pays d’Europe ont consentis des efforts économiques et sociaux, des « ajustements » qui commencent déjà à porter leurs fruits, notamment en retrouvant du crédit. La zone euro a résisté, et attire toujours puisqu’elle entrevoit l’entrée de la Lituanie au début 2015. Enfin, la BCE et les banques nationales ont joué leur rôle et pris de lourdes décisions.

Jean-Claude Trichet ne nie pas la question de la légitimité de l’action européenne, même s’il la relativise au regard de certains sondages qui indiquent un grand manque de confiance à l’égard des institutions nationales. Il suggère toutefois que le Parlement européen pourrait effectivement être amené à jouer un plus grand rôle dans la gouvernance de la zone euro, à commencer peut-être par pouvoir jouer un rôle d’arbitrage entre les institutions européennes et un Etat susceptible d’être condamné à payer des amendes. D’où le sous-titre de la conférence « une fédération économique et budgétaire par exception », au contraire d’une fédération politique pleine et achevée telle que les Etats-Unis d’Amérique, du moins dans le moyen terme. Car dans le long terme, en réponse à une question du public, Jean-Claude Trichet maintient sa vision fédérale plus globale déjà exposée dans le passé.

• Voir l’article paru dans le quotidien de l’Agence économique et financière à Genève « L’Agefi »

• Voir l’article paru dans le magazine de l’Unil Allez-savoir no. 58 de septembre 2014

Ouverture de la conférence par José Maria Gil-Robles

Conférence de Jean-Claude Trichet

Débat avec le public