Dans le cadre de ses Conférences européennes, la Fondation Jean Monnet pour l’Europe a eu le plaisir d’accueillir, le vendredi 22 mars 2013, M. Martin Schulz, président du Parlement européen, qui concluait ainsi sa visite officielle de deux jours en Suisse. Sa conférence portait sur : « Intégration européenne, légitimité démocratique et crise systémique – quelle contribution du Parlement européen ? » Mme Micheline Calmy-Rey, ancienne présidente de la Confédération et conseillère fédérale en charge des affaires étrangères de la Suisse, aujourd’hui professeure à l’Université de Genève, était également invitée à réagir à ses propos.
La désaffection croissante et la perte de confiance des citoyens européens constitueraient une réelle menace pour le projet européen. L’idée de l’Europe unie, inspirée des pères fondateurs tels que Jean Monnet, a constitué une réponse historique au lendemain des deux guerres mondiales qui ont accablé la première moitié du XXe siècle. La réconciliation franco-allemande et la paix sur le continent sont les fruits de ce projet. Mais les succès du passé ne suffisent plus, il faudrait une nouvelle vision pour convaincre les citoyens du bien-fondé du projet européen, au-delà de la crise que l’Europe traverse actuellement.
Martin Schulz a souligné, d’autre part, une dérive intergouvernementale de l’Union européenne en comparant le Conseil européen au Congrès de Vienne de 1815, où les chefs d’Etats et de gouvernements prennent des décisions importantes, parfois trop détaillées, à huis clos. En cas de succès pour son pays, son représentant s’en vante devant sa propre conférence de presse ; en cas d’échec ou d’insuffisance, c’est la faute à « Bruxelles ».
Dans son intervention, Micheline Calmy-Rey part d’un constat similaire à celui de M. Schulz, à savoir une transformation profonde du monde multipolaire, globalisé et interdépendant, y compris dans la propagation des risques (changement climatiques, émanations radioactives, épidémies, crise financière, etc.). En Europe, on y a répondu par l’intégration régionale, politique et économique. Mais même les plus grands Etats ou l’Union européenne ne peuvent pas grand-chose en agissant seuls.
Lors du dialogue avec le public, Martin Schulz persiste et signe : un Etat seul ne peut pas grand-chose dans ce monde globalisé, la Suisse finira par s’en rendre compte. S’agissant des relations entre la Suisse et l’Union européenne, et notamment de la négociation d’un accord institutionnel global encadrant la centaine d’accords bilatéraux en vigueur, elles doivent s’inscrire dans un cadre de respect mutuel. L’Union européenne doit respecter la spécificité de la Suisse, mais la Suisse doit aussi comprendre le point de vue européen qu’elle ne peut profiter de tous les avantages du rapprochement sans accepter quelques contraintes liées à l’appartenance à l’Union. Autrement, certains Etats membres de l’Union pourraient vouloir faire comme la Suisse
• Notice biographique de Martin Schulz
• Voir l’article paru dans le magazine « Allez savoir » de l’Université de Lausanne, de mai 2013
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